Dr. John (Jack) Patrick Tully (1906 - 1987)
John (Jack) Patrick Tully

John (Jack) Patrick Tully, known as "The Father of West Coast Oceanography" au Canada, vit le jour à Brandon, au Manitoba, le 29 novembre 1906 et grandit à Winnipeg, au Manitoba. Il est décédé à Nanaimo, C.-B. le 19 mai 1987.

Il fréquenta l'Université du Manitoba où où, en 1931, il obtint un baccalauréat en biologie et en chimie pour ensuite être recruté comme assistant par Neal Carter, un jeune chimiste et océanographe travaillant à la Station biologique du Pacifique, à Nanaimo. Son énergie, son assurance et son dynamisme étaient manifestes. Il avait été engagé pour effectuer des mesures chimiques sur la valeur nutritive de produits de poisson en conserve, , analysing sea water and fish muscle, mais déjà à sa première année, il s'impliqua dans des études océanographiques.

En 1932, il recruta cinq gardiens de phares pour commencer à faire des observations quotidiennes de la température de la surface de la mer et des conditions météorologiques de surface, un programme qui s'est étendu à vingt phares et qui dura juqu'au années 2000. Quand Neil Carter quitta Nanaimo en 1933, Jack Tully devint l'océanographe à la station biologique, un poste qu'il conservera jusqu'à sa retraite, en 1969. À cette époque, la Station biologique du Pacifique ne disposait que de petits bateaux côtiers convenant seulement au travail dans le détroit de Georgie et dans les bras de mer. Tully rechercha résolument des navires de passage pour recueillir des renseignements au large en relation avec les changements qu'il observait grâce à son réseau de stations de phares. Il joignit le navire hydrographique canadien William J. Stewart au cours des saisons de travaux sur le terrain de 1933, 1934 et 1935 et travailla dans la baie Nootka, entre le cap Flattery et le bras de mer Esperansa, et dans les îles de la Reine-Charlotte. Ces programmes furent menés quand les circonstances s'y prêtaient, sur un navire qui ne convenait pas particulièrement bien aux observations océanographiques. De 1936 à 1938, il négocia l'utilisation exclusive du NCSM Armentières quelques mois par année pour les recherches océanographiques.

Au cours de la première année, Tully et ses collègues menèrent la première étude océanographique en mer sur la marge pacifique des Amériques, occupant plus de 100 stations entre l'entrée du détroit de Juan de Fuca et le détroit de la Reine-Charlotte. C'était un an avant le début des premières études sur le système du courant de Californie. Ces études fournirent les premières descriptions du régime de courant complexe au-dessus du plateau et de la pente continentale de la Colombie-Britannique. Jack Tully réalisa tout de suite qu'il devait en savoir plus sur l'océanographie physique et la dynamique des océans. Il étudia par lui-même les méthodes dynamiques basées sur le théorème de Bjerknes en utilisant le nomogramme classique de Sandström (1919). Constatant ses limites en mathématiques et en physique, il s'informa auprès de Bjørn Helland-Hansen des possibilités de faire un doctorat à Bergen. Leurs discussions n'aboutissant à aucune option envisageable, il commença, en 1939, un programme de doctorat sous la direction Thomas G. Thompson, à l'Université de Washington. La recherche qu'il fit pour sa thèse portait sur l'océanographie du bras de mer Alberni. Il dut interrompre sa recherche à cause de la guerre.

En 1943, Tully fut affecté à un poste au sein de la Marine royale du Canada pour travailler sur différents problèmes liés aux sonars et à la détection des sous-marins. Il fut honoré par le roi George VI et fait Membre de l'Empire britannique (MBE) pour sa contribution à l'effort de guerre. Tully retourna à la Station biologique du Pacifique après la guerre et fut à l'avant-plan du développement de l'océanographie durant l'après-guerre dans l'Ouest du Canada.

Après la guerre,il compléta son doctorat en 1948. Plusieurs considèrent sa thèse, " Oceanography and Prediction of Pulp Mill Pollution in Alberni Inlet ", comme la première étude à appliquer l'océanographie à un problème de pollution important. Comme dans tous ses travaux, Jack aborda le problème sous des angles énergétiques et innovateurs et construisit une petite maquette hydraulique du bras de mer en guise de complément à l'étude sur les lieux et à l'analyse.

En 1949, il fut officiellement nommé océanographe principal et chef du Groupe océanographique du Pacifique (P. O. G.), un groupe de recherche semi-autonome dans la station. Jack Tully sélectionna les membres du Groupe océanographique du Pacifique au fil de la réalisation d'une série de projets et de collaborations stratégiques sans perdre de vue son objectif premier qui était de comprendre la circulation et la variabilité des eaux au large et des eaux intérieures de l'ouest du Canada, à l'appui des pêches et autres besoins du Canada en la matière.

La disponibilité de navires de recherche spécialisés, tels le CNAV Ehkoli, un senneur transformé de 84 pieds idéal pour les études dans les eaux côtières, et le NCSM Cedarwood, de 165 pieds et convenant aux travaux en haute mer, permit à Tully d'étendre les programmes du groupe, tant dans les eaux côtières qu'en haute mer. Des collaborations avec G. L. Pickard, de l'Université de la Colombie-Britannique lui permirent d'étendre les programmes au-delà de ce que le petit P. O. G. pouvait faire seul. Ses collaborations ont dépassé les frontières du Canada. Il a noté que le chenal Nodales, près de Prince Rupert, était bien mélangé et isotherme, ce qui en faisait un excellent laboratoire pour les recherches sur les signatures sonar de divers objets, y compris les sous-marins. Le P. O. G. et le US Naval Electronics Laboratory (USNEL) prépapèrent quatre navires et deux plus petites embarcations pour mener ce qui fut décrit comme " probablement la plus vaste opération de recherche océanographique conjointe jamais entreprise dans les eaux canadiennes." Cette collaboration avec l'USNEL s'étendit bien au-delà du chenal Nodales. De 1949 à 1954, le P. O. G., en collaboration avec l'USNEL et le Conseil canadien de recherches pour la défense, réalisa annuellement des études dans les mers de Béring et de Chuckchi ainsi que dans l'ouest de l'Arctique.

À l'aide du CNAV Cedarwood, Tully repris les études océanographiques en haute mer, du cap Flattery à l'entrée Dixon, en les étendant jusqu'à 141°O. Ce travail fut effectué par Earlston Doe, un nouveau membre du P. O. G. À l'occasion d'une visite de Joe L. Reid de la Scripps Institution of Oceanography, il établit une collaboration qui eut pour résultat l'amalgamation des données le long de la totalité de la côte ouest, de la Californie jusqu'aux îles de la Reine-Charlotte. Vers 1955, Tully et le P. O. G. purent utiliser le NCSM Ste Thérèse et participer à l'étude NORPAC du Pacifique Nord subtropical et subarctique.

Cette contribution démontra que Tully et le P. O. G. étaient des membres à part entière de la communauté océanographique internationale. Dans les années 1950, Tully vit s'établir la station météorologique océanique Papa et considéra celle-ci comme une occasion d'étendre son réseau d'observations chronologiques à un endroit au large et dans la colonne d'eau. Les observations et ligne P du navire météorologique océanique P sont parmi les plus longs ensembles de séries chronologiques dont on dispose. Elles ont servi à produire de nombreuses analyses et plusieurs modèles de la variabilité saisonnière et interannuelle de l'océan dans les latitudes moyennes.

John Tully fut parmi les premiers à recommander une diffusion rapide des données océaniques pour répondre aux besoins de divers utilisateurs de la mer. Il fut le premier président du Système mondial intégré de services océaniques, un comité international chargé de la mise en oeuvre et de la coordination d'un système permettant la collecte et la distribution de données océanographiques en temps quasi réel.

John Tully joua aussi un rôle important en formant les deux premières générations d'océanographes canadiens de l'après-guerre. Il fit la navette vers Vancouver pour enseigner l'océanographie chimique aux premiers étudiants de cycles supérieurs à l'Institut d'océanographie de l'Université de la Colombie-Britannique. Il impliqua aussi ces étudiants dans des projets à Nanaimo et offrit le support du P. O. G. lors des premières études de l'Institut sur les fiords de la Colombie-Britannique. Lorsque le ministère fédéral des Mines et Relevés techniques commença à s'occuper d'océanographie physique vers la fin des années 1950, de jeunes diplômés en mathématiques, physique et ingénierie furent envoyés à Nanaimo pour être formés en océanographie sous la direction de Tully.

Au cours de sa carrière, John Tully s'est vu décerner de nombreux honneurs, y compris la Médaille du Couronnement de 1953, le Albert Ier de Monaco et la Mer en 1967, le prix Manley-Bendall en 1967 et la Médaille commémorative du règne de la Reine. Il était membre de la Société royale du Canada, a member of the American Geophysical Union, the Canadian Institute of Chemistry, the American Society of Limnology and Oceanography, Sigma Xi, and the American Association for the Advancement of Science, in which he served as President of the Western Division in 1963. He was also a Fellow of the Chemical Institute of Canada and of the American Chemical Society.

En 1984, la Société canadienne de météorologie et d'océanographie a émis la médaille J. P. Tully en océanographie , décerné à quiconque dont la contribution scientifique dans le domaine de l'océanographie canadienne a été jugée exceptionnelle , pour honorer des réalisations en océanographie au Canada. Il en devint le premier récipiendaire.

La même année, le ministère des Pêches et Océans nomma son nouveau navire de recherche océanographique / hydrographique CSS John P. Tully , en son honneur.